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A l’attention de : Commission européenne, Parlement européen, pays membres de l’UE

15 octobre 2021 – Abolish Frontex soutient les revendications de plus de 3000 réfugié.e.s et migrant.e.s en Libye qui manifestent devant le centre communautaire de jour du Haut Commissariat aux Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) depuis le début du mois d’octobre 21 (Twitter : @RefugeesinLibya). Ils demandent leur évacuation immédiate vers des pays sûrs suite aux récents raids et meurtres de personnes en migration aux mains des gardes des centres de détention et du Département de lutte contre l’immigration illégale (DCIM, qui fait partie du ministère libyen de l’Intérieur).

Nous avons reçu cette déclaration de personnes en Libye :

Les États membres de l’UE doivent :

Contexte 

Dans les premiers jours d’octobre 2021, les autorités libyennes ont fait une descente dans les banlieues de Tripoli où les personnes en migration avaient trouvé refuge. Elles ont démoli de nombreuses maisons et ont violemment forcé plus de 5 000 personnes à se rendre dans des centres de détention. Certaines personnes ont réussi à s’échapper de ces centres surpeuplés, mais six d’entre elles ont été abattues par des gardes.

Les centres de détention libyens sont réputés pour leurs violations des droits humains. La Mission indépendante d’établissement des faits sur la Libye du Conseil des droits de l’homme des Nations unies a publié un rapport le 1er octobre 2021, dans lequel elle affirme que

“[…] les meurtres, les actes de torture, les emprisonnements, les viols et les disparitions forcées commis dans les prisons libyennes susmentionnées sont commis à une telle échelle, et avec un tel niveau d’organisation, qu’ils équivalent, en soi, à une attaque systématique et généralisée contre la population civile. ”

À l’intérieur des centres de détention, indique le rapport, ” tous les migrants – hommes et femmes, garçons et filles – sont maintenus dans des conditions pénibles, certains en meurent. Certains enfants sont détenus avec des adultes, ce qui les expose à un risque élevé d’abus. La torture (comme les chocs électriques) et les violences sexuelles (y compris le viol et la prostitution forcée) sont monnaie courante.” Elle conclut que les crimes commis dans les centres de détention peuvent s’apparenter à des crimes contre l’humanité.

Protestations en cours

Les personnes en migration qui ont réussi à échapper aux raids et aux centres de détention se sont rassemblés en dernier ressort devant le centre communautaire de jour de l’UNHCR, qui est toutefois réputé pour sa non-assistance. Bien qu’ils soient enregistrés à l’UNHCR, les migrant.e.s et les réfugié.e.s n’ont aucune assistance que ce soit sous forme de logement ou de nourriture ou pour leur  sécurité – et encore moins de vols d’évacuation. Depuis lors, ils protestent sur place dans des conditions qui se dégradent.

Le 12 octobre 2021, l’UNHCR a invité les réfugiés à rencontrer la DCIM pour trouver une solution. La DCIM a suggéré aux gens de se rendre au centre de détention d’Ain Zara, ce qu’ils ont évidemment refusé en raison des violations des droits de l’homme perpétrées dans tous les centres de détention. La solution de l’UNHCR est de dire aux gens de partir et de ne pas occuper la rue devant son bureau. Ce soir-là, un réfugié du Darfour âgé de 25 ans a été abattu devant le centre de jour communautaire par la DCIM. Au même moment, au moins 15 personnes qui tentaient de fuir la Libye en bateau sont mortes dans un naufrage.

Évacuation immédiate !

L’Union européenne est complice des meurtres et des crimes qui ont lieu en Libye. Un documentaire récent (FR/GER/IT) de Sarah Creta fait la lumière sur l’accord honteux entre l’UE et la Libye. Entre-temps, Matthias Monroy a documenté une communication directe entre les avions de Frontex et les soi-disant garde-côtes libyens via WhatsApp – ce que le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, a nié devant le Parlement européen en mars 2021.

En Libye les personnes en migration ne sont en sécurité nulle part – ni dans les rues où elles sont victimes de racisme et risquent d’être assassinées, kidnappées pour du travail forcé ou détenues de manière non-officielle ; ni dans les centres de détention “officiels” dans lesquels elles sont systématiquement torturées, ni en mer où elles risquent leur vie et courent le risque d’être capturées par les soi-disant « garde-côtes » libyens financés par l’UE.

Si la DCIM a finalement accepté de reprendre les vols d’évacuation, l’accès à ceux-ci sera très limité. La seule solution permanente est la réinstallation et l’évacuation de tous les réfugié.e.s et migrant.e.s en Libye vers des pays sûrs. L’UE doit agir maintenant et évacuer les réfugié.e.s de Libye.


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