Action Office des Etrangers – Bruxelles – Avril 2022

Des milliers de personnes fuient l’agression russe contre l’Ukraine. Dans de nombreux pays européens, cela a suscité une immense solidarité au sein de la société – la demande d’organiser rapidement et conjointement l’accueil des réfugié.e.s de guerre ukrainien.ne.s se fait entendre dans toute l’Europe. Face à l’escalade de la guerre en Europe, l’impossible semble soudainement possible

L’état normal du régime migratoire de l’UE est insupportable et inacceptable : les barbelés et l’isolement font partie de la condition quotidienne. Les personnes sont vues et traitées comme un danger et des ennemis selon les systèmes racistes et la logique capitaliste. Face à une crise, des quotas abstraits sont constitués. En automne, des milliers de personnes voyageant de Biélorussie vers l’Europe ont été brutalement repoussées dans la même région frontalière – à proximité immédiate de l’endroit où des milliers d’Ukrainien.ne.s cherchent désormais la sécurité. Le tollé public était largement absent. Il s’agissait de personnes originaires d’Irak, du Yémen, d’Afghanistan et d’autres pays – elles ont été repoussées pour des motifs racistes, avec des conséquences parfois mortelles. Des politicien.ne.s de toute l’Europe, mais aussi le directeur de Frontex, Fabrice Leggeri, ont soutenu la pratique brutale des gardes-frontières en Pologne et en Lituanie.

C’est un développement important que les voies d’évacuation soient maintenant établies rapidement et, pour la plupart, sans bureaucratie. Mais ce qui est possible aujourd’hui doit aussi l’être demain – et pas seulement pour les Européens blancs, mais pour tout le monde. La catégorisation raciste des réfugiés n’est pas seulement évidente dans la réaction inégale de l’Europe aux mouvements de migrant.e.s au cours de l’automne dernier et à ceux d’aujourd’hui.

La Belgique dans cette élan exerce aussi une politique d’accueil à deux poids deux mesures en réquisitionnant des bâtiments pour le logement, en octroyant un statut de séjour immédiat, en débloquant des sommes faramineuses et en investissant du temps et de l’énergie pour l’accueil des réfugié.e.s présentant un passeport ukrainien quand des centaines de milliers de personnes sur son territoire sont en demande de régularisation, de toits, d’accès à la santé depuis des dizaines d’années !

Le rapport avec Frontex ? Frontex et la guerre sont les deux faces d’une même médaille. Au nom de l’UE, Frontex scelle les frontières Schengen pour les migrant.e.s avec des

infrastructures militaires et mène une guerre contre la migration. L’agence de protection des frontières de l’UE et son personnel et sa flotte croissants s’inscrivent dans la spirale du réarmement et suivent la même logique militaire paternaliste. Dans ce contexte, Frontex coopère avec les mêmes multinationales qui profitent du réarmement et des Etats persécuteurs d’où les gens s’échappent. L’agence ferme les frontières extérieures de l’UE aux les personnes déplacées, entre autres, par des conflits militaires dans lesquels l’Europe est activement impliquée. Cela doit cesser. Nous avons besoin de voies d’évacuation sûres au lieu de drones, d’une société de plusieurs au lieu de l’isolement, de ferries au lieu de Frontex.

Plus que jamais, nous exigeons la démilitarisation du régime frontalier et la liberté de circulation pour tous.te.s. C’est précisément pourquoi nous continuons à nous battre contre Frontex. Nous espérons que la solidarité avec les personnes touchées en Ukraine déclenchera une vague de solidarité qui inclut tout le monde et ne se manifeste pas seulement dans les conflits qui se déroulent « à notre porte ».

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